Quand je suis arrivée en famille à Bordeaux en 2002 suite à
une mutation de mon mari, j’ai tout d’abord été très agréablement surprise par
la douceur de vivre et l’accueil qui nous a été réservé.
Tout est beaucoup plus facile en province à une exception
près et pas des moindres : l’insertion professionnelle.
En quittant Paris, je quittais un grand groupe bancaire et
des perspectives professionnelles qui s’ouvraient à moi. A Bordeaux, la tâche
s’est avérée beaucoup plus difficile que je ne me l’imaginais.
Plusieurs difficultés se sont immédiatement présentées à
moi : ma reconversion toute fraiche dans la formation avec un diplôme et
pas d’expérience, mon absence de réseau et de connaissances professionnelles et
enfin la compatibilité de ma vie professionnelle et personnelle maintenant que
tout reposait sur moi et que je n’avais aucun parent pour me seconder.
Dès mon arrivée et pendant 2 ans, je n’ai cessé de
rencontrer une multitude de gens aussi divers qu’intéressants qui avaient
l’avantage de m’ouvrir la voie des possibles ou au contraire qui me
décourageaient dans ma recherche d’emploi. Ce travail de fourmi pour tisser un
réseau professionnel important et efficace m’a appris à développer une certaine
aisance et audace relationnelle, à modifier et adapter ma présentation en
fonction des rencontres et des circonstances et surtout j’ai pu mesurer et
apprécier l’état de l’environnement économique
girondin, ses atouts, ses faiblesses, ses forces vives, son
fonctionnement ainsi que les aspirations et codes de ses principaux acteurs.
C’est très important les codes avec lesquels une communauté
communiquent : ils offrent une clé de lecture précieuse.
C’est grâce à ce travail de réseau que j’ai construit mon
projet professionnel et surtout que j’ai pu faire de la politique.
En effet, même si l’objectif de ma recherche d’emploi était
à court terme la reprise rapide d’une activité, j’étais persuadée qu’il y avait
un deuxième objectif celui-ci à long terme qui était de bâtir un réseau
efficace et important qui me permettrait de naviguer plus aisément dans ce
« marché caché » et qui m’ouvrirait à terme des portes réservées qu’à
une poignée de gens.
Cette démarche, si j’en parle aujourd’hui facilement n’a pas
été naturelle au départ et fut même très mal vécue au démarrage car je ne
comprenais pas pourquoi il fallait
déployer autant d’énergie pour accéder à un monde que j’imaginais plus ouvert
et désireux de nouveauté. Une fois le temps de la naiveté passé, la conviction
profonde et le souhait que j’ai
aujourd’hui d’être génératrice de lien entre les gens de manière à ce que chacun trouve sa place
plus facilement me vient probablement de cette expérience de vie.
Dans ce travail de réseau, j’ai découvert un monde que je ne
connaissais pas du tout si ce n’est par les représentations des médias, celui de
la politique.
J’ai pu constater, souvent à mes dépens, que le milieu
professionnel était finalement assez proche du monde politique dans son rapport
au pouvoir.
C’est un ami qui m’a d’ailleurs beaucoup aidé dans ma
recherche d’emploi, qui m’a parlé d’un engagement politique mesurant que ce que
je représentais :une jeune femme mariée, mère de famille, dynamique,
parisienne donc apporteuse d’une vision nouvelle pour Bordeaux et surtout
désireuse de faire bouger les lignes.
Je pense que, comme M.Jourdain , j’ai toujours fais de la
politique sans le savoir : caractère très engagé et idéaliste, pourfendeur
d’une justice sociale ,convaincu de la nécessité de dépasser les préjugés et les idées reçues et
résolument tournée vers l’action
concrète.
Ma difficulté a été de prendre ma carte dans un parti qui
est celui qui est le plus proche de mes convictions mais qui me contraint pour
un certain temps à renoncer à une certaine liberté de ton .
2 commentaires:
Merci pour le partage de votre expérience!
La politique vue comme une carrière, en quelque sorte ! Ce n'est pas vraiment ce qu'on attend de nos femmes et hommes politiques...
Enregistrer un commentaire